Gérer ses compétences relationnelles

Gérer ses compétences relationnelles en période de chaos émotionnel.

 

Edward T. Hall a travaillé en psychologie sociale sur la proxémie (ou proxémique), l’étude de la distance physique à laquelle nous nous tenons en face des autres et les différences culturelles. E. T. Hall a repéré 4 espaces : la distance intime, la distance personnelle, la distance sociale et la distance publique. Les formations en développement personnel ou en communication font fréquemment référence à ces différents espaces et à leur impact sur la relation.

Depuis le début du COVID-19, le terme de « distance sociale » a été utilisé pour indiquer la nécessité de se protéger physiquement en restant à 1 ou 2 mètres les uns des autres. Or le mot « social » – du latin « socius » – fait référence à l’existence de lien entre les individus d’une même société, aux relations entre les être humains. Parler de distance sociale peut induire une notion contre-productive de méfiance comme celle que j’ai observée ces jours derniers, en croisant des personnes au regard fuyant, la tête rentrée dans les épaules, dans une peur évidente de tout contact, jusqu’à fuir un sourire des yeux.

Ne confondons pas la distance des corps avec celle du coeur.

Dans cette période de confinement, nous avons tous pu mesurer l’importance de rester en lien, de se connecter les uns aux autres, dans le respect donc des distances physiques mais pas des distances sociales. Le sentiment d’appartenir à une communauté, d’être relié à une famille ou à une entreprise participe à notre équilibre émotionnel déjà tellement chahuté ces derniers mois.

Ce ressac d’émotions que j’observe en moi, ces vagues émotionnelles dont témoignent mes clients, mes collègues et amis nous attrapent comme par surprise, dans un chaos d’émotions qu’à défaut de gérer, nous pouvons observer.

« en phase d’adaptation après une période de résistance, positive, constructive, en questionnement, avec des jours de soleil et des jours d’orage intérieur, fasciné, calme et sereine, tiraillé entre envie que ça dure et impatience de sortir de l’incertitude, paisible, en lien avec d’autres, ouverte aux opportunités, méfiant, frustré, en manque, Inquiet, curieux de voir ce qui va se passer, impatient, dans une peur profonde, bousculée, émerveillée, déconnectée, circonspect, intriguée, interpellée, seule, reliée en stand by, dans l’action, surprise, en compassion, en interrogation, connecté, en colère, en réflexion. » tels sont les mots recueillis ces derniers jours à écouter les uns et les autres décrire le pèle mêle d’émotions qui nous assaillent.

A quoi sert de nommer ces différentes nuances ? à comprendre où on est, ce dont on a besoin, à nous rendre compte que ces émotions ne durent pas, à les accepter sans les juger. J’aime la citation de Shunryu Suzuki (1904-1971) : « Laissez les portes ouvertes. Permettez à vos pensées d’aller et venir. Simplement, ne leur offrez pas le thé. »

Je dirais qu’en ce moment si particulier, une façon de prendre soin de soi et de ses compétences relationnelles, c’est de comprendre que l’on peut permettre à nos émotions (et celles de la personne en face) d’aller et venir, sans leur offrir le thé. Sans nous juger. Nous sommes tous en train d’apprendre à reconnaître et accepter notre vulnérabilité d’êtres humains.